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Une cinquantaine de morts dans une nouvelle attaque en Ituri

Carole Assignon
31 mai 2021

Nouvelles tueries dans deux villages de l'est de la République démocratique du Congo, malgré l'état de siège en vigueur.

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L'Ituri, de nouveau endeuillée (photo d'archive de 2015)
L'Ituri, de nouveau endeuillée (photo d'archive de 2015)Image : Getty Images/AFP/K. Mailro

En République démocratique du Congo, alors que les regards sont tournés vers le volcan Nyiragongo, les massacres continuent dans l'Est.

De nouvelles attaques ont été signalées dans deux villages dans la nuit de dimanche à lundi. Des attaques qui ont fait 50 morts selon le Baromètre sécuritaire du Kivu.

Comment expliquer ces tueries alors même qu'un état de siège est en vigueur dans la région ?

>>> Lire aussi : RDC : cafouillage à l'instauration de l'état de siège

Selon le décompte encore provisoire du Baromètre sécuritaire du Kivu, au moins 22 civils ont été tués à Tchabi et au moins 28 à Boga. Distants d'environ dix kilomètres, les villages sont situés à la limite entre le Nord-Kivu et l'Ituri, dans une zone frontalière avec l'Ouganda.

Dans cette région, les rebelles ADF sont actifs mais c'est également une région marquée par de forts antagonismes entre ethnies locales.>>> Lire aussi : Insécurité dans l'est de la RDC : les racines du mal

C'est ce que précise Pierre Boisselet, coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu qui estime que l'état de siège décidé par le président Félix Tshisekedi est jusqu'à présent inefficace.

Pour une nouvelle stratégie...

Pierre Boisselet rappelle que les "forces démocratiques alliés ADF opèrent dans cette zone mais [que celle-ci] a aussi été le théâtre de représailles communautaires extrêmement sanglants l'année dernière". Selon lui, les pouvoirs accrus conférés par l'état de siège à l'armée ne sont "probablement pas suffisants pour arrêter la violence dans l'Est".

Le coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu préconise "surtout une nouvelle stratégie, une meilleure organisation et plus de moyens pour l'armée congolaise certes, mais aussi pour tous les autres services de l'Etat qui peuvent contribuer à lutter contre l'insécurité. "

"Le conflit persiste surtout parce qu'on a une armée congolaise infiltrée, mal équipée, pas suffisamment motivée"
"Le conflit persiste surtout parce qu'on a une armée congolaise infiltrée, mal équipée, pas suffisamment motivée"Image : Alain Wandimoyi/AFP

... et une réforme des FARDC

Stewart Muhindo, responsable de la communication au Centre de Recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'homme à Goma, partage cet avis : l'armée congolaise doit être réformée et mieux équipée.

"La déclaration de l'état de siège n'est pas une solution qui répond vraiment aux causes profondes du conflit que ce soit à Beni ou en Ituri. Le conflit persiste surtout parce qu'on a une armée infiltrée, mal équipée, pas suffisamment motivée. On ne donne pas à l'armée les moyens nécessaires pour mener cette guerre… "

>>> Lire aussi : RDC : l'état de siège suscite des craintes

Les attaques de Tchabi et Boga viennent s'ajouter à une liste déjà très longue : plus de 1.200 civils ont été tués dans le territoire de Beni depuis novembre 2019 lorsque l'armée a lancé une opération visant à mettre fin à l'insurrection des ADF. Mais le groupe armé a répondu en intensifiant les représailles contre les civils.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique