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Des réactions à la brouille entre le Mali et l'Allemagne

12 août 2022

En réponse au refus d'autoriser un vol de rotation du personnel prévu ce vendredi (12.08), l'Allemagne suspend des opérations de son contingent au Mali.

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Des soldats allemands munis de gilets pare-balles photographiés au sein du camp Castor à Gao dans le nord du Mali
Le mandat de la Minusma, présente au Mali depuis 2013 avec environ 13.000 soldats, a été renouvelé pour un an le 29 juinImage : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

L’Allemagne suspend l'essentiel de ses opérations militaires au Mali jusqu’à nouvel ordre. La décision a été annoncée ce vendredi (12.08.2022) après un nouveau refus de survol du territoire malien par les autorités de Bamako.

Les autorités allemandes indiquent avoir pourtant reçu des assurances contraires de la part du ministre malien de la Défense, Sadio Camara, lors d'un entretien téléphonique jeudi (11.08.2022) avec la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht. 

Ce refus des autorités maliennes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. 

Le vol devait transporter "environ 140 femmes et hommes" à destination du Mali tandis qu'environ "110 autres n'ont pas pu être transférés hors du Mali, en particulier, des troupes devant aider à sécuriser le Mali."

"Ce contingent devait être déployé pour remplacer les forces françaises qui partent maintenant lentement", explique Arne Collatz, porte-parole du ministère allemand de la Défense. 

Quelles conséquences?

Sans ce redéploiement, la sécurité sur le terrain n'est plus garantie. Les Allemands représentent le plus grand contingent parmi les nations européennes et occidentales, avec environ 1.350 soldats.

Cette suspension pourrait avoir des conséquences en cascade en envoyant un signal aux autres pays occidentaux qui soutiennent la Minusma, estime le représentant de la fondation politique allemande Friedrich-Ebert au Mali, Christian Klatt :

"Sans les Allemands il y a des possibilités que les autres pays européens, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les autres nations arrêtent leurs contributions aussi. C’est toujours une option et bien sûr, cela veut dire qu’un changement de la mission est possible."

Christoph Hoffmann, président du groupe parlementaire du parti libéral (FDP) au Bundestag (la Chambre basse du parlement allemand) craint lui aussi que si la Bundeswehr ne réintègre pas la Minusma, cela mette fin à la mission de l’Onu.

Les dessous de ce refus

Un soldat de l'armée allemande portant son artillerie près de Gao, sur le site de l'aéroport
L’interdiction des rotations concerne les 12.261 soldats et 1.718 policiers déployés au Mali par une cinquantaine de pays contributeursImage : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

Christoph Hoffmann accuse le président russe Vladimir Poutine d'avoir poussé les autorités maliennes à agir ainsi en refusant le survol des avions de la Minusma.

"Je crois que le gouvernement de transition du Mali est le porte-parole de la politique russe. Je crois que ça, c’est le plan de (Vladimir) Poutine parce qu’il ne veut pas que la Minusma fasse des contrôles des crimes de guerres que les Russes commettent en ce moment."

Le président du groupe parlementaire du parti libéral (FDP) estime que "l’Allemagne doit prendre d’autres mesures. Elle doit renforcer les militaires au Niger mais aussi renforcer la coopération avec la Côte d’Ivoire. Nous ne devons pas permettre que ces derniers, comme le Mali, soient submergés par des groupes islamistes et l'instabilité politique après l'effondrement de la Libye en 2011. Toute la région d'Afrique de l'Ouest risquerait alors de sombrer dans le chaos", craint Christoph Hoffmann.

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique